THIEYSENEGA.com : L’information est tombée dans la matinée de ce mardi. Déférés devant le parquet par la Division spéciale de cybersécurité, Assane Guèye, connu sous le pseudonyme d’Azoura Fall, et El Hadji Ousseynou Kaïré, tous deux militants du parti dissous Pastef, ont été placés sous mandat de dépôt. Leur procès en flagrant délit est programmé pour ce jeudi 15 mai 2025 devant le Tribunal de grande instance de Dakar.
Des accusations fondées sur des vidéos virales
Selon les autorités judiciaires, les deux hommes sont poursuivis pour « discours contraires aux bonnes mœurs », à la suite de la diffusion sur les réseaux sociaux de contenus jugés offensants ou menaçants.
Dans une première vidéo devenue virale, Azoura Fall s’en prend violemment au président de la République Macky Sall et au ministre Mame Mbaye Niang, utilisant un langage insultant. Une posture jugée inacceptable par le parquet, qui a décidé de son arrestation.
À ses côtés, Kaïré, interpellé alors qu’il accompagnait Azoura Fall à la Brigade de cybercriminalité, est visé pour avoir posté une vidéo dans laquelle il menaçait d’« actions musclées » en cas de maintien en détention de son camarade. Les autorités ont qualifié ses propos de trouble potentiel à l’ordre public.
Une défense mobilisée, un procès sous tension
Les deux militants étaient assistés lors de leur déferrement par un collectif d’avocats composé de Famara Faty, Abdy Nar Ndiaye, Bamba Cissé et Saïd Larifou. Ces derniers dénoncent une procédure « précipitée » et « symptomatique d’un climat politique répressif », affirmant que les propos incriminés relèvent de la liberté d’expression.
Leur procès, prévu dans le cadre d’une comparution immédiate, pourrait rapidement devenir un nouveau test pour l’indépendance de la justice sénégalaise, dans un contexte où les arrestations d’opposants ou de figures critiques du pouvoir se multiplient.
Un climat politique sous surveillance
Même dissous en 2023, le parti Pastef-Les Patriotes, fondé par Ousmane Sonko, continue de polariser la scène politique. Plusieurs de ses membres ou sympathisants font régulièrement l’objet de poursuites judiciaires, souvent en lien avec des publications sur les réseaux sociaux.
La société civile, quant à elle, s’inquiète de la judiciarisation accrue de la parole politique, craignant une dérive vers la criminalisation des opinions dissidentes.