THIEYSENEGAL.com : Sokhna Aida Diallo était attendue lors de ce grand Magal de Touba. Le premier sans son défunt mari Cheikh Béthio Thioune, guide spirituel des thiantacônes. Elle avait officiellement perdu la première manche contre le fils aîné de la famille, Serigne Saliou « Gueule Tapée », lors de la bataille de succession à la tête des Thiantacônes. Elle s’est donc apprêtée à la guerre. Bien qu’elle se soit toujours gardée de réclamer directement le Khalifa du Cheikh, sa démonstration de force, à Ngabou, n’a plus laissé aucun doute quant à ses intentions. Confortablement assise dans son fauteuil, elle a accepté les actes d’allégeance de taillés prosternés et célébré avec assurance, mariages et baptêmes. Et tant pis si ces tâches, dans l’Islam, sont dévolus aux hommes.
Cet audace qui lui assure la victoire médiatique, la perdra aussi. Son pied-de-nez à Médinatoul Salam se transforme en boomerang. Dans les réseaux sociaux, la parole se libère. Le débat vole plus loin que simples aspirations de Sokhna Aida Diallo. Contre son désir de succéder à son mari, ses contradicteurs lui opposent des desseins inavoués. Dans une publication Facebook intitulée « Aida Diallo » sera-t-elle la première femme imam du Sénégal ? », Seydina Omar Bâ éructe : « Ceux qui me demandent de faire de « mandouté », (réserve), concernant cette affaire Aida Diallo, ne semblent pas comprendre que cette dame est devenue le moyen par lequel, certains lobbies veulent introduire au Sénégal le débat sur Imamat des femmes ». La troisième femme du défunt Cheikh Béthio dérange donc parce qu’elle serait le clone de Shérif Kahina Bahloul, en France. Ces femmes autoproclamées images, avec le désir de « dépoussiérer » les préceptes de l’Islam. Sauf que contrairement à ces deux qui portent fièrement leur féminisme déstructurante, on n’a jamais vraiment vu ni entendu Aida Diallo diriger la prière devant les hommes, ou s’adonner à des prêches strictement religieuses.
