Lac Rose – Escroquerie foncière à 216 millions F CFA : le promoteur de « SCI La Solution » arrêté, des dizaines de victimes dans l’impasse

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THIEYSENEGAL.com : Ce qui devait être une réussite collective en matière d’accès à la propriété s’est transformé en cauchemar financier pour une quarantaine de travailleurs regroupés au sein de la coopérative d’habitat « Niaga/Lac Rose ». Le groupe, devenu depuis « Collectif des victimes de SCI La Solution », accuse l’agence immobilière d’escroquerie foncière portant sur plus de 216 millions F CFA.

Selon les révélations du journal L’Observateur, à l’origine de cette affaire, un contrat a été signé le 13 septembre 2022 entre le collectif, représenté par Cheikh Marie Tew Diop, et la société immobilière « SCI La Solution », dirigée par A. Sow et son associé A. Touré. L’accord stipulait la cession de 43 parcelles viabilisées à Niaga, dans le pôle urbain du Lac Rose, en contrepartie d’un paiement de 216,8 millions F CFA, avec une livraison prévue 21 mois après signature.

À l’expiration du délai contractuel, aucune parcelle n’a été livrée. Face au silence prolongé des promoteurs, les membres de la coopérative décident de déposer plainte pour escroquerie foncière auprès de la Division des investigations criminelles (DIC). L’enquête révèle alors un point fondamental : le site promis ne relève pas du titre foncier n°6089 comme prétendu, mais appartient au domaine national, ce qui invalide toute possibilité de cession directe.

A. Sow, le gérant, a été interpellé et placé en garde à vue. Il impute l’erreur à un notaire, tout en évoquant un litige foncier en cours sur le terrain concerné. Il assure avoir proposé des parcelles de substitution à Kounoune ou un remboursement à la coopérative. Une proposition jugée insuffisante par les victimes, qui exigent désormais la restitution intégrale de 344 millions F CFA, somme correspondant au capital investi plus des pénalités, et 8 millions F CFA de dommages-intérêts par membre.

L’affaire prend une autre tournure avec la fuite de l’associé A. Touré, qui, selon les autorités, a quitté le territoire national et fait l’objet d’un avis de recherche. Les investigations se poursuivent pour déterminer si d’autres coopératives ou clients particuliers ont été victimes d’un schéma similaire.

Pour l’heure, A. Sow reste détenu par la DIC dans l’attente de son déferrement devant le parquet. Les enquêteurs s’intéressent notamment à la traçabilité des fonds, à l’authenticité des documents présentés lors de la signature du contrat, ainsi qu’au rôle exact joué par les acteurs notariaux dans la validation du montage foncier.

Une escroquerie révélatrice des dérives du secteur immobilier

Cette affaire met une fois de plus en lumière les zones grises du marché foncier sénégalais, où de nombreuses initiatives immobilières privées s’appuient sur des promesses non garanties, dans un cadre souvent flou juridiquement. L’absence de titres fonciers clairs, la multiplicité des ayant-droits et l’insuffisance de contrôle sur les agences immobilières fragilisent les acquéreurs.

Des voix s’élèvent désormais pour appeler à une réforme urgente du secteur, notamment à travers un encadrement plus strict des coopératives d’habitat, un registre public des promoteurs agréés et la systématisation des vérifications cadastrales avant tout engagement contractuel.

Au-delà des préjudices financiers, cette affaire révèle les failles persistantes dans la régulation de l’habitat social au Sénégal. Pour les victimes, l’urgence est désormais de récupérer leur argent. Pour l’État, il s’agit de restaurer la confiance dans un secteur crucial pour des milliers de citoyens aspirant à la propriété.

La rédaction de THIEYSENBEGAL.com 

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