Le capital humain, priorité numéro un, par Daouda MANE

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THIEYSENEGAL.com : C ’est un truisme que de le dire, le capital humain joue un rôle déterminant pour mettre fin à l’extrême pauvreté et renforcer l’inclusion sociale. À cet effet, il est nécessaire d’investir fortement aussi bien dans la santé que dans une éducation de qualité qui doit être axée sur l’acquisition de compétences. C’est évident que les dépenses publiques d’éducation et de santé ont des impacts positifs sur l’amélioration de la qualité du facteur travail et les capacités productives des ménages.

En effet, il existe une corrélation positive entre les dépenses publiques de santé et d’éducation, la croissance économique et le bien-être. L’éducation repose d’abord sur l’élève dont la centralité doit être au cœur des préoccupations. Sans lui, pas d’école. Dès lors, il doit être considéré comme un client à satisfaire et non une boîte de résonance. Ensuite, sur l’enseignant, intrant aussi important que l’élève. Les deux sont les mamelles de tout système éducatif. Enfin, sur les intrants pédagogiques et l’environnement scolaire. Après avoir revalorisé la fonction enseignante (même si cela doit l’être davantage au vu de la cherté de la vie), il est temps que l’État investisse fortement sur l’élève ou l’étudiant et l’environnement des études, du préscolaire au supérieur en passant par l’élémentaire, le moyen, le secondaire et surtout la formation professionnelle.

C’est ainsi que le Sénégal pourra « garantir une éducation et une formation solides qui permettent à notre jeunesse de développer son employabilité et de tenir toute sa place dans la construction du développement national ; une offre de santé de qualité pour tous ; une protection sociale universelle efficace et efficiente », dixit le Premier ministre. En fait, au Sénégal, c’est là que le bât blesse. Dans l’éducation, un très faible taux est consacré à l’investissement et à la recherche. Tout va dans les salaires et le pilotage. Par exemple, dans le budget dédié à l’éducation en 2025, sur un montant de 975.049.734.898 de FCfa, seuls 61.122.514.246 de FCfa, soit 6,27 %, sont dédiés à l’investissement contre 82,42 % pour les dépenses de personnel (803.509.713.770 de FCfa), 8,89 % pour celles de biens et services (86.683.603.112 de FCfa). Peut-être qu’on me répliquera qu’il y a plus de 100.000 enseignants. Qu’à cela ne tienne. Certes, on a pu faire de gros efforts en matière de construction d’écoles, d’amphis, etc. Oui, mais comment ? Très souvent, c’est à travers les projets et programmes initiés par l’État, mais vigoureusement soutenus des Partenaires techniques et financiers (Ptf) comme la Jica, l’Afd, la Koica, Aide et Action…

Mais, faudrait-il continuer à construire des salles de classe dont le coût unitaire, selon certains syndicalistes, peut atteindre 10 millions de FCfa ? Il n’est donc pas surprenant que le nombre d’abris provisoires (souvent réalisés par les communautés parce que ne voulant pas laisser leurs enfants dans la rue), reste important. À ce jour, on dénombre plus de 7.000, malgré les efforts estimables fournis ces dernières années. Après 64 ans d’indépendance, ces abris provisoires doivent disparaître de l’environnement scolaire. Il est donc louable que le Premier ministre, Ousmane Sonko, se donne un horizon de 5 ans pour leur élimination définitive. En réduisant le coût de la construction en choisissant parfois le banco au lieu du ciment, on arrivera plus vite à éliminer les abris provisoires et offrir un meilleur cadre d’études : salles de classe, tables-bancs, latrines, clôture, puits ou robinet… Dans tous les cas, c’est en renforçant les investissements massifs dans le secteur de l’éducation que l’on aura une éducation de qualité et donc un capital humain bien formé. Investir sur l’humain n’est jamais une perte, surtout dans ce monde du 21e siècle dominé par le savoir. Une mission qui revient spécifiquement à l’éducation. Aujourd’hui, les matières premières sont reléguées au second plan devant l’économie du savoir. Les plus riches du monde sont ceux qui ont la maîtrise du savoir.

Avoir des élèves bien formés, c’est disposer, demain, de bons ingénieurs, techniciens, agronomes, chercheurs, médecins, économistes, statisticiens, anthropologues, philosophes, historiens… En somme, du développement du capital humain dépend celui de l’économie. C’est en misant sur le capital humain que les pays scandinaves ou asiatiques comme la Corée du Sud, Singapour, Hong Kong… ont connu un développement économique fulgurant. Bref, il doit être la priorité numéro un de tout gouvernement.

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