Libération de Badara Gadiaga : un souffle de justice dans un climat de liberté d’expression sous tension

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THIEYSENEGAL.com : Après près de quatre mois de détention, le chroniqueur  Badara Gadiaga a recouvré la liberté ce lundi, à la suite d’une décision judiciaire saluée comme un retour à l’équilibre du droit et de la raison. Cette libération, décidée par le juge d’instruction contre l’avis du parquet, met fin à un épisode qui a fortement alimenté le débat sur la liberté d’expression et la judiciarisation de la parole médiatique au Sénégal.

L’affaire remonte au 9 juillet 2025, lorsque Badara Gadiaga, connu pour ses chroniques sans concession dans l’émission « Jakaarlo Bi » sur la TFM, avait été arrêté à la suite de propos jugés offensants envers le chef de l’État. Le 14 juillet, il est inculpé pour « diffusion de fausses nouvelles, offense à une personne exerçant les fonctions présidentielles » et « discours contraire aux bonnes mœurs », avant d’être placé sous mandat de dépôt à la prison du Cap Manuel.

Au fil de la procédure, le parquet s’est systématiquement opposé à sa libération provisoire, arguant de la gravité des faits reprochés et du risque de récidive. Cette position a été critiquée par plusieurs organisations de défense des droits humains, qui y ont vu une instrumentalisation de la justice à des fins d’intimidation contre les journalistes et chroniqueurs.

Selon les informations recueillies auprès du tribunal de grande instance de Dakar, c’est le magistrat instructeur qui a ordonné la libération du chroniqueur, estimant que la prolongation de la détention préventive n’était plus justifiée. Une décision considérée comme courageuse dans un contexte où les pressions sur les juges restent souvent évoquées.

Cette issue est perçue comme une victoire du droit sur la logique punitive, d’autant que le principe fondamental de la présomption d’innocence doit primer tant qu’aucune condamnation définitive n’est prononcée.

Bien que libre, Badara Gadiaga reste soumis au port d’un bracelet électronique, une mesure souvent présentée comme une alternative à l’incarcération, mais qui, dans ce cas précis, soulève des interrogations.
Pour de nombreux observateurs, le maintien du bracelet équivaut à une forme de détention déguisée, en contradiction avec l’esprit même de la décision judiciaire. « Il est temps de lever cette mesure », plaident plusieurs voix du milieu médiatique, rappelant qu’elle prolonge inutilement la stigmatisation d’un homme qui n’a pas encore été jugé.

L’affaire Gadiaga n’est pas isolée. Elle intervient dans un climat de tension entre les autorités et la presse, marqué ces dernières années par plusieurs interpellations de journalistes et activistes pour des faits liés à leurs publications.
Pour la société civile, cette libération tardive doit être le point de départ d’une réflexion sur la protection des opinions dans un État démocratique.

« La liberté d’expression ne doit pas être négociable ; elle est la pierre angulaire de toute démocratie vivante », a réagi un responsable d’Amnesty Sénégal, appelant à la révision de certaines dispositions du Code pénal et du Code de la presse jugées restrictives.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com

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