Loi de finances 2026 : le Sénégal mise sur une réforme fiscale ambitieuse pour générer 762,6 milliards FCFA
THIEYSENEGAL : Le gouvernement sénégalais vient de dévoiler le projet de loi de finances pour l’exercice 2026, marquant un tournant décisif dans la gestion budgétaire du pays. En s’appuyant sur une stratégie d’innovation fiscale, l’État ambitionne de mobiliser 762,6 milliards de FCFA de recettes supplémentaires, dans un contexte de redressement économique et de consolidation des finances publiques.
Le document, consulté par la presse, met en lumière une orientation résolument audacieuse et sélective : les jeux de hasard devraient à eux seuls générer 300 milliards de FCFA, tandis que les services de mobile money, en forte expansion, rapporteraient 76,5 milliards de FCFA. À cela s’ajoutent des mesures correctrices sur d’autres secteurs :
Relèvement de la taxe sur le tabac de 70 à 100 % (8,2 milliards attendus)
Rationalisation des dépenses fiscales (100 milliards FCFA)
Suppression des valeurs de correction douanière (29 milliards FCFA)
Réactivation des droits de sortie sur l’arachide (9 milliards FCFA)
L’exécutif reste aligné sur les objectifs du Pacte de convergence de l’UEMOA, visant à ramener le déficit budgétaire à 3 % du PIB d’ici 2027. Le projet de loi prévoit ainsi :
Un déficit global ramené à 5,37 % du PIB en 2026 (contre 7,8 % prévu en 2025)
Une nette amélioration du solde budgétaire de base, passant de -678,5 milliards FCFA en 2025 à -81,6 milliards FCFA en 2026
Le document insiste sur une discipline accrue dans la gestion des effectifs de la fonction publique, à travers l’instauration de plafonds d’emplois par ministère et un encadrement plus strict des recrutements.
Dans sa stratégie d’endettement, le gouvernement privilégie désormais les financements libellés en FCFA et en euros, afin de réduire la vulnérabilité face aux fluctuations du dollar. L’objectif est clair : ramener le poids de la dette publique sous la barre des 70 % du PIB, conformément aux normes communautaires.
Outre les traditionnels marchés régionaux, l’État envisage des instruments innovants comme :
Les diaspora bonds
Les sukuk (obligations islamiques)
Les partenariats public-privé (PPP)
Les financements verts
Un système d’information intégré sera également mis en place pour centraliser la gestion de la dette et l’arrimer au Système Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGIF).
Le projet de loi s’inscrit dans une dynamique de crédibilité et de sincérité budgétaires. Le ministère des Finances annonce :
Une meilleure traçabilité des dépenses, notamment celles classées en transferts
Une reddition des comptes systématique, avec la publication régulière des rapports d’exécution budgétaire, des bulletins statistiques et des rapports annuels de performance
Une extension du système d’information budgétaire aux ressources extérieures
Vers une fiscalité plus équitable et inclusive
La phase de redressement économique 2025–2028, baptisée SUPREC, devrait servir de catalyseur à cette mutation fiscale. Le gouvernement mise sur une fiscalité « innovante, efficace, équitable et transparente », gage de justice sociale et d’élargissement de l’assiette fiscale.
Avec ce projet de loi de finances 2026, le Sénégal amorce une réforme budgétaire de fond, mêlant rigueur, innovation et ouverture à de nouveaux leviers de croissance. Reste à savoir si cette ambition, aussi saluée que scrutée, parviendra à se concrétiser dans un contexte économique et social toujours sensible.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com