Mandat d’arrêt contre Madiambal Diagne : la Chambre d’accusation financière saisie pour vices de procédure
THIEYSENEGAL : La défense du journaliste Madiambal Diagne contre-attaque. Le collectif d’avocats du directeur de publication du journal Le Quotidien a saisi, le 8 octobre dernier, la Chambre d’accusation financière de la Cour d’appel de Dakar. En ligne de mire : l’annulation du mandat d’arrêt international émis à son encontre pour des infractions financières présumées.
Le mandat controversé, émis le 26 septembre 2025 par le juge Idrissa Diarra, président du Collège des juges du Pool judiciaire financier, vise Madiambal Diagne pour des accusations graves : association de malfaiteurs, escroquerie portant sur des deniers publics, blanchiment de capitaux et complicité. Ce document ordonne son arrestation via Interpol et son extradition depuis la France, où il réside actuellement.
Mais la défense riposte. Le collectif d’avocats, composé de ténors du barreau sénégalais – Mes Amadou Sall, Baboucar Cissé, Dior Diagne, Antoine Mbengue, Ousmane Thiam – assistés du cabinet français William Bourdon & Associés, dénonce de « graves violations du Code de procédure pénale et des droits de la défense ».
Les avocats invoquent plusieurs irrégularités majeures :
Absence d’inculpation préalable, en violation des articles 114 et 121 du Code de procédure pénale, alors qu’il s’agit d’une condition sine qua non avant la délivrance d’un mandat d’arrêt ;
Omission du lieu de détention dans le mandat, contraire à l’article 122 ;
Absence de réquisition préalable du procureur de la République, exigée par la procédure, mais apparemment ignorée au profit d’un appui direct sur les conventions internationales.
« Ce mandat est nul de plein droit car il viole des garanties fondamentales, notamment le droit à une défense effective », déclare un membre du collectif.
Le collectif demande également la suppression de la notice rouge émise par Interpol et l’effacement de toutes les données personnelles liées à Madiambal Diagne figurant dans la base de données de l’organisation internationale.
L’affaire prend racine dans un rapport de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), qui signale des mouvements financiers suspects autour d’un contrat de partenariat public-privé pour la modernisation des infrastructures judiciaires du Sénégal.
Selon L’Observateur, les fonds auraient transité par la SCI Pharaon et Ellipse Project Ltd, deux structures liées au journaliste. Environ 12 milliards de FCFA auraient été versés dans le cadre d’un contrat de sous-traitance, soupçonné d’opacité.
Ce rebondissement judiciaire s’inscrit dans un climat politique marqué par une attention accrue portée aux questions de gouvernance et de gestion des fonds publics. Le traitement de ce dossier, mêlant une figure médiatique influente, des institutions judiciaires et des flux financiers d’envergure, est scruté de près par l’opinion publique et les observateurs internationaux.
La Chambre d’accusation financière devra désormais se prononcer sur la régularité des actes posés par le juge instructeur. Un arrêt en faveur de la défense pourrait fortement fragiliser l’ensemble de la procédure, voire entraîner la levée des poursuites si les vices de forme sont jugés substantiels.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com