Migration clandestine : La Mauritanie, nouveau tremplin des Sénégalais vers les îles Canaries

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THIEYSENEGAL.com : Entre surveillance renforcée et expulsions ciblées, la Mauritanie tente de contenir l’exode migratoire

Depuis plusieurs semaines, une tension palpable règne sur l’axe Dakar-Nouakchott. En cause, l’expulsion de centaines de ressortissants étrangers par la Mauritanie, principalement des Sénégalais, des Gambiens, des Maliens et des Pakistanais. Ces mesures semblent directement liées à une recrudescence des tentatives de départ vers les îles Canaries depuis les côtes mauritaniennes, un phénomène qui s’est amplifié après le renforcement de la surveillance maritime sénégalaise.

La Mauritanie, nouvel épicentre du départ des pirogues

Jusqu’à récemment, la majorité des embarcations clandestines prenaient la mer depuis le Sénégal. Toutefois, la coopération entre Dakar et Madrid a conduit à un durcissement des contrôles maritimes et frontaliers, réduisant de plus de 95 % les départs depuis les côtes sénégalaises. Face à cette situation, les réseaux de passeurs ont réorienté leurs routes vers la Mauritanie, désormais principal point de départ des pirogues vers l’Espagne.

Selon des sources locales, les embarcations quittant la Mauritanie sont principalement dirigées par des capitaines sénégalais et transportent une majorité de migrants originaires du Sénégal, du Mali et de Gambie. Cette situation a alerté les autorités mauritaniennes, qui ont intensifié leurs opérations contre les filières de migration clandestine.

Des expulsions massives pour enrayer le phénomène

Dans le cadre de cette lutte, Nouakchott a récemment procédé à une série d’expulsions visant les migrants en situation irrégulière. Selon une source mauritanienne contactée par Dakaractu, ces expulsions ciblent avant tout ceux qui utilisent le territoire mauritanien comme tremplin vers l’Europe, tandis que les étrangers vivant légalement en Mauritanie ne sont pas concernés.

Les autorités mauritaniennes affirment également que le pays accueille près de 500 000 migrants et facilite leur régularisation via des conventions avec les États voisins. Cependant, elles se montrent intransigeantes face aux réseaux de trafic d’êtres humains, dénonçant une instrumentalisation de leur territoire par des passeurs.

Un enjeu diplomatique pour Nouakchott et Madrid

Au-delà de l’aspect sécuritaire, cette crise migratoire revêt une dimension diplomatique importante. L’Espagne, confrontée à une hausse des arrivées de migrants aux Canaries, a intensifié sa coopération avec la Mauritanie. Cette dernière, soucieuse de préserver ses relations avec Madrid, durcit donc sa politique migratoire afin de limiter l’impact de ces traversées clandestines sur ses échanges bilatéraux.

Le chef d’état-major de la gendarmerie mauritanienne, le général Ahmed Mahmoud Mohamed Abdallahi Taya, s’est récemment rendu au poste frontalier avec le Sénégal pour superviser les mesures de contrôle et rappeler l’importance d’une vigilance accrue. Cette visite témoigne de la volonté de Nouakchott de lutter contre ce phénomène, tout en préservant ses liens historiques et économiques avec ses voisins.

Des perspectives incertaines pour les candidats à l’exil

Si la surveillance s’intensifie, les candidats à l’émigration clandestine ne renoncent pas pour autant à leur projet. L’adaptation des routes migratoires montre que la pression migratoire demeure forte, portée par des facteurs économiques et sociaux persistants. Reste à savoir si le durcissement des contrôles en Mauritanie suffira à enrayer durablement ce phénomène ou si de nouveaux itinéraires émergeront pour contourner les obstacles.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com 

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