THIEYSENEGAL.com : Au début du mois de mai, la police sénégalaise a procédé à l’interpellation de 46 personnes dans le quartier Artillerie, à Louga.
Selon des sources sécuritaires locales, ce groupe s’apprêtait à quitter la région en bus, avec pour objectif apparent de rejoindre la côte atlantique en vue d’une traversée vers l’Europe.
Parmi les interpellés figure un homme de type caucasien, qui aurait affirmé être lié à l’ambassade d’Ukraine au Sénégal. Cette déclaration a éveillé l’attention des enquêteurs, d’autant que, selon des informations relayées sur les réseaux sociaux, chaque individu arrêté disposait d’une somme de 2000 euros en espèces — un élément inhabituel dans ce genre de déplacements.
D’après certains témoignages non encore vérifiés de manière indépendante, les migrants affirment que l’argent leur aurait été remis par un représentant de l’ambassade ukrainienne, dans le cadre d’un programme de travail agricole censé se dérouler en France, plus précisément dans la commune de Mourmelon-le-Grand. C’est dans cette ville qu’ils auraient été appelés à travailler dans les champs, avec un salaire mensuel équivalent à 2000 euros.
Toutefois, ce qui intrigue davantage certains observateurs, c’est que Mourmelon-le-Grand abrite également un important camp militaire français, le Quartier Féquant, où sont formés des soldats ukrainiens de la 155e brigade mécanisée « Anne de Kiev », encadrés par la force opérationnelle française « Champagne ».
Dès lors, des questions émergent, notamment sur l’éventualité d’un possible détournement de jeunes migrants pour d’autres fins que celles déclarées. Certains analystes, sur la base de ces coïncidences, évoquent la possibilité que le prétendu travail agricole serve de « couverture ». Il est toutefois important de souligner qu’aucune preuve concrète ne permet à ce stade de confirmer une telle hypothèse.
Les autorités sénégalaises n’ont pas confirmé ces éléments. Le ministère de l’Intérieur a rappelé que depuis le début de l’année 2024, 4 496 personnes ont été interpellées au Sénégal pour tentative de migration irrégulière. Rien qu’en mars, près de 400 migrants ont été arrêtés dans différentes localités du pays, ce qui témoigne de la persistance du phénomène migratoire.
Cette affaire, encore floue à bien des égards, interpelle sur l’émergence de nouveaux modes opératoires dans les réseaux de migration, potentiellement transnationaux, et sur l’importance d’une coopération renforcée entre pays pour démêler les véritables intentions derrière certains mouvements de population.
Ali Houssin, journaliste