THIEYSENEGAL.com : Le tribunal des flagrants délits de Dakar a connu, ce mercredi 4 juin, un nouvel épisode judiciaire autour d’Oumar Sow, ancien ministre-conseiller sous Macky Sall. Poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, il risque jusqu’à un an de prison, dont six mois ferme, et une amende de 200.000 F CFA. Le délibéré est attendu pour le 18 juin prochain.
Une déclaration polémique devenue virale
C’est une phrase lâchée lors d’une émission publique qui a propulsé Oumar Sow devant le juge. En évoquant la mise sous bracelet électronique de l’ex-Garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall, Sow avait affirmé que cette mesure provenait du parquet. Une affirmation rapidement contestée, perçue comme une atteinte à l’indépendance de la justice.
À la barre, l’ex-conseiller a plaidé la maladresse. « J’ai fait un lapsus, j’étais en train de parler du ministère, pas du parquet. Mon intention n’était pas de discréditer le procureur Ndoye, que je respecte profondément », a-t-il déclaré, ajoutant que ses propos avaient été sortis de leur contexte et déformés par « l’autre camp » à travers un montage diffusé en boucle sur les réseaux sociaux.
Le ministère public n’a pas été convaincu par la défense de l’ancien haut responsable de l’APR (Alliance pour la République). Mettant en avant un précédent jugement avec sursis datant de janvier 2025, le procureur a requis une peine exemplaire, qualifiant Oumar Sow de récidiviste.
« Ce n’est pas un simple lapsus. Il sait ce qu’il dit, il a déjà été averti par la justice », a martelé le parquet, qui considère cette affaire comme un acte délibéré de désinformation politique.
Les avocats de la défense, de leur côté, ont dénoncé une « peine disproportionnée » et y ont vu une volonté de museler la liberté d’expression. Ils ont insisté sur le caractère involontaire de l’erreur, tout en soulignant les difficultés personnelles du prévenu : dix jours de détention à Rebeuss, des problèmes de santé (notamment de l’asthme), et la responsabilité d’une trentaine d’employés à sa charge.
« Il a reconnu son erreur, il s’est excusé publiquement. Il est temps que la justice fasse preuve d’humanité, surtout à l’approche de la Tabaski », a plaidé un des avocats, en demandant une libération immédiate.
Le verdict après la Tabaski
Le juge a toutefois préféré renvoyer le délibéré au 18 juin, soit après la fête musulmane de l’Aïd el-Kébir, laissant Oumar Sow en détention provisoire. D’ici là, l’ex-conseiller présidentiel reste dans l’attente, entre les murs de la prison de Rebeuss, espérant que le tribunal reconnaisse sa version des faits.
Contexte politique tendu
Cette affaire intervient dans un climat politique où les clivages restent vifs, même après l’alternance du pouvoir. La déclaration polémique de Sow, couplée à une justice accusée tour à tour d’instrumentalisation ou d’exemplarité, relance le débat sur les limites de la parole publique et la responsabilité des anciens dignitaires dans l’espace médiatique.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com