THIEYSENEGAL.com : À l’occasion de la Journée internationale de la pharmacie, célébrée chaque 25 septembre, le regard des professionnels du secteur s’est tourné à la fois vers les progrès réalisés et les obstacles persistants. Dr Alima Niang, présidente de l’Union des jeunes pharmaciens du Sénégal (UJPS), a dressé un état des lieux contrasté d’un secteur à la croisée des chemins.
« Le secteur pharmaceutique sénégalais est bien encadré sur le plan réglementaire et animé par des professionnels compétents », souligne Dr Niang, jointe par téléphone. Présents dans les officines, les hôpitaux, les laboratoires, la distribution ou encore l’industrie, les pharmaciens jouent un rôle déterminant dans la chaîne de sécurité sanitaire.
Un marché du travail sous tension
Mais derrière cette solidité apparente, un défi majeur se pose : l’insertion professionnelle des jeunes diplômés. Le nombre de formations en pharmacie s’est multiplié ces dernières années – notamment avec de nouvelles offres à Thiès et dans plusieurs universités privées – augmentant mécaniquement le nombre de pharmaciens sur le marché. Or, les opportunités d’emploi, elles, n’ont pas suivi cette croissance.
« Chaque année, des dizaines de jeunes pharmaciens arrivent sur le marché sans débouchés suffisants. Il est temps que le ministère de la Santé ouvre davantage de postes dans les structures publiques, mais aussi dans les circuits de contrôle et de distribution du médicament », plaide Dr Niang.
La menace persistante des médicaments illicites
Autre épine dans le pied du secteur : la prolifération des faux médicaments et la persistance de la vente illicite dans la rue, un phénomène connu sous le nom de pharmacie par terre. Si des dépôts de médicaments existent dans les zones rurales, gérés légalement par des pharmaciens, d’autres points de vente échappent totalement au contrôle des autorités sanitaires.
« L’exercice illégal de la pharmacie est une infraction grave, et la loi doit être appliquée dans toute sa rigueur », insiste la présidente de l’UJPS. « Ce n’est pas seulement un problème de réglementation, c’est une question de santé publique. Les populations en paient le prix fort », alerte-t-elle.
Un virage stratégique nécessaire
Dans un contexte où le Sénégal importe près de 95 % de ses médicaments, la dépendance extérieure est également pointée du doigt. « Un pays qui n’a pas la maîtrise de sa chaîne de production pharmaceutique est vulnérable », soutient Dr Niang. Elle appelle à un tournant stratégique : renforcement des capacités locales de production, soutien à l’industrie pharmaceutique nationale, et relocalisation de certaines filières essentielles.
Sensibilisation, régulation et planification
Au-delà des constats, les jeunes pharmaciens appellent à une mobilisation multisectorielle : régulation stricte, politique de santé publique adaptée, mais aussi campagnes de sensibilisation contre les dangers des faux médicaments. « Le pharmacien n’est pas seulement un dispensateur de traitements, c’est aussi un acteur de prévention, un éducateur de santé », conclut Dr Alima Niang.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com