Par la grisaille embuée de l’horizon dominical
Par les tristes douceurs des aurores du septembre tropical
A l’heure où le calice de l’Olympe se réveille des noirceurs de son linceul
Aux rougeoiements d’une larme à califourchon sur le dos de Tivaouane
Mame Abdoul Aziz Sy a rendu le dernier souffle
Tout le Sénégal comme un seul homme en souffre
O deuil
Quel sage vient de quitter notre paysage
Qui pose sur son visage
Les traits de notre urbanité
Abdou Aziz Sy
A ce triptyque identitaire est attachée une belle histoire
Une histoire si belle
Comme l’étoile verte qui brille au milieu de notre drapeau national
L’étoile qui brille dans son cœur à éclipser nos mondanités
Et qui brille sur le diamant de son chapelet attisant notre foi
O khalife général
Tu étais un général
Au-dessus de la mêlée qui menait la guerre à la guerre
Allah était une anaphore dans la trame de son oraison
Ah la canne du patriarche aux fourches tendues pour convoiter du peuple la concorde
Pour convoiter du Ciel la miséricorde
Combien il nous a laissé de références
Avant de tirer sa révérence
Lui
Souvent habillé des blancheurs marmoréennes de la paix civile
Jamais las de pourchasser les prémices de la guerre civile
Nous entendrons mieux son propos
Quand les armes se tairont en Casamance
Dabakh
En homme de vision qui prescrit les sacrées révisions
Tu as le premier proscrit les revers de la télévision
Edifiant ce pont que n’enjambent les démons de la division
En attache solide entre Mourides et Tidianes
Tu étais le nœud reliant les Sérères aux Diolas
Entre les Wolofs du Djolof et ceux du Sine-Saloum
Tu étais pour la jeunesse cette inextinguible enseigne
La passion de la compassion qui nous enseigne
Thiandoum le Cardinal
Magnifia tes vertus cardinales
Reconnaissant à travers les hauteurs célestes de ton esprit
Le rempart intrépide contre l’avancée de cette mer de discorde
Qui s’empare de l’Afrique des coups d’État militaires
Dabakh
Je t’ai pleuré jusqu’à la dernière goutte de larme
Je t’ai pleuré jusqu’à la dernière goutte de sang
Je t’ai pleuré jusqu’à la dernière goutte de sueur
Quand Satan assoiffé de sang
Est venu s’abreuver sur les rives du fleuve Sénégal
Grâce à tes prières qui ont rencontré l’écho du Seigneur
Le torchon a été éteint pour nous réconcilier avec la Mauritanie sœur
Quand nous avons prouvé à nos voisins du Nord
Que nous sommes deux peuples jumeaux
Nourris aux mamelles du fleuve Sénégal
Dabakh
Il t’arrivait de verser des larmes en récitant les saints versets
Parce que seul tu voyais par les ombres du crépuscule arriver Mars
Qui aura finalement rebroussé chemin à la vue de ta silhouette
Navré de ne trouver en nous le levain de son ambroisie
Dabakh
Ta mémoire préservée à l’abri des sénilités du temps
Sera empreinte gravée sur les rochers de l’éternité
Chaussé de la boussole de Christophe Colomb
Je serai sur tes traces à la recherche de cette colombe
Que tu as été repoussant les canicules des étés faucons
Tu as voulu le Sénégal comme une résidence secondaire
Pour l’étranger en quête d’asile
Chez toi l’élégance était l’éloquence en costume et de coutume
Ton discours est un cours de fraternité magistral
Toi qui as professé l’égalité en distingué magistrat
Dabakh
Que cet oiseau qui s’envole pour les continents du futur
De ses ailes porte ton message aux générations futures
Que de ses plumes il écrive ton histoire pour les générations futures
Que de son chant il compose ton hymne pour les générations futures
Thierno Diop extrait de VERBE ET PROVERBES
Thierno Diop La Redaction Thieysenegal.com
