Présidentielle 2019 : Quatre Anciens Premiers Ministres Déjà Annoncés Sur La Ligne De Départ
2019 est bien parti pour être la présidentielle des anciens Premiers ministres sénégalais. Déjà quatre d’entre ces ex-chefs de gouvernement se sont signalés sur la ligne de départ et n’attendent que le coup de sifflet pour aller à l’assaut du Palais de Roume.
Le premier à prendre ses marques sur les starting-blocks est de toute évidence l’actuel tenant du pouvoir. Macky Sall qui a été, pendant huit longues années, Premier ministre sous le régime libéral de la première alternance avant d’accéder à la magistrature suprême. Aujourd’hui, candidat à sa propre succession, il ouvre la liste des prétendants, soutenu en cela par de grands ténors de l’opposition classique comme, entre autres, Ousmane Tanor Dieng du Ps, Moustapha Niass de l’Afp et ancien Premier ministre sous Abdoulaye Wade, Amath Dansokho du Pit regroupés au sein de la coalition Benno Bokk Yakaar. Une coalition qui, associée à celle de Macky 2012 et de l’apport de deux anciens Premiers ministres que sont Souleymane Ndéné Ndiaye et Aminata Touré, lui
confère une force de frappe sans commune mesure. Cela même s’il faut le reconnaître, ces ténors de ladite opposition classique, au crépuscule de leur vie politique, connaissent une implosion mi-teinte de leur formation politique respective. En atteste que deux prétendants déclarés à la magistrature suprême, Khalifa Sall et Malick Gakou, sont sortis des flancs de ces deux premiers partis cités, le Ps et l’Afp.
Le second ex-Premier ministre sur la ligne de départ est le rewmiste en chef, Idrissa Seck, qui n’en est d’ailleurs à son premier coup d’essai. Par deux fois il a pris part à cette course aux voix. La première c’était en 2007 quand il a croisé, sans grand succès, le fer avec son mentor et père putatif Abdoulaye Wade même s’il est sorti en seconde position devant le parti socialiste qui, pendant quarante ans, a conduit les destinées du pays. La seconde, En 2012, il a aussi été contre ce même mentor qui se battait contre vents et marrées pour décrocher un troisième mandat. Là aussi, tout comme son mentor, Idrissa Seck a été battu à plate couture avant de se voir obligé d’aller prêter main forte à son ancien «frère» de parti qui l’avait succédé à la primature et qui devait affronter leur mentor commun au second tour de ladite élection présidentielle. Des déconvenues dont le rewmiste en chef semble avoir tiré toutes les leçons et qui font de lui l’un sinon le plus sérieux adversaire du tenant actuel du pouvoir. Une posture qui pourrait se renforcer avec cette politique d’élimination des présidentiables entreprises par les pouvoirs étatiques. Laquelle politique peut s’avérer à double tranchants puisque de nature à créer un mouvement de mécontentement apte à renouer les liens entre les libéraux et leur «frère» Idrissa Seck. Surtout que ce dernier, malgré ses déboires avec Abdoulaye Wade, n’a jamais cessé de revendiquer son statut d’actionnaire majoritaire du Pds. Sans compter les retrouvailles avec son mentor Wade, vraies ou fausses, qu’il dit avoir lieu par l’entremise de Karim Wade. Quid du probable rapprochement entre les partisans de Khalifa Sall et du Rewmi si Khalifa devait rester en prison ?
Abdoul Mbaye président de l’Act vient en troisième position. Ce premier chef de gouvernement sous le régime de la seconde alternance, est tout décidé à en découdre avec celui qui, dès les premières heures de son avènement à la magistrature suprême avait sollicité ses services pour manager l’équipe gouvernementale. Et même s’il est vrai qu’il ne dispose pas d’une machine de guerre aussi puissante que les deux premiers, il demeure qu’il a l’avantage de bien connaître les dossiers brulants du camp présidentiel pour les avoir, durant tout le temps qu’il a conduit l’équipe gouvernementale, tous traités. Tout comme il a eu, durant ce même espace temporel, la primeur sur tous les rapports des services de renseignement. Sans compter l’évidence qui veut que dans cette lutte, Abdoul Mbaye va puiser la base de son électorat dans le vivier du parti présidentiel, l’Apr. Pareil pour le quatrième sur la ligne de départ, Adjibou Soumaré, cet ancien Premier ministre sous l’ère wadien. Lequel, si l’on en croit les informations relayées par la presse, va officialiser sa candidature ce 22 juillet mais aussi dévoiler à ces concitoyens son programme et son projet de société. Aussi, à y regarder de près, ce technocrate qui semble avoir en aversion les querelles de clocher et/ou de politique politicienne, peut s’avérer, avec la donne de rejet de la candidature de Karim Wade l’homme de consensus qui pourrait porter la candidature du Parti démocratique sénégalais. Pour dire le fameux plan B qui pourrait sauver le Pds d’une forclusion lors de la prochaine présidentielle. Tout compte fait, la candidature de ces ex Premiers ministres aux prochaines joutes présidentielles, pourrait être d’un apport considérable dans les ruptures tant attendues par le citoyen lambda. Lequel citoyen peut s’attendre au moins, durant la campagne électorale, à des débats programmatiques et de fond sur son vécu quotidien mais aussi sur des différents projets à la place de ce folklore dispendieux tapageur que les politiques ont l’habitude de lui servir. Ce qui devrait lui permettre d’avoir une lecture claire des différentes propositions et de choisir en conséquence celui qui présidera la destinée du pays pendant les cinq prochaines années.
Sidy DIENG
