THIEYSENEGAL.com : En visite officielle à la prison de Rebeuss ce lundi, la ministre de la Justice, Yassine Fall, a dressé un constat alarmant sur la situation carcérale au Sénégal. Devant une surpopulation qu’elle qualifie de « symptôme d’une faillite structurelle », la garde des Sceaux a détaillé un ensemble de réformes majeures pour transformer le système pénitentiaire, à la fois sur le plan humain, judiciaire et infrastructurel.
Rebeuss, symbole d’un système à bout de souffle
Prévue pour accueillir 800 détenus, la Maison d’arrêt de Rebeuss en héberge aujourd’hui près de 3 740, soit plus de quatre fois sa capacité maximale. Pour Yassine Fall, cette situation est « une atteinte grave à la dignité humaine » et « un frein à toute politique pénale sérieuse ».
« Il ne s’agit pas d’une question de confort, mais d’un impératif de justice, d’humanité et de respect de nos engagements internationaux », a-t-elle martelé face à la presse, entourée de ses collaborateurs et du personnel pénitentiaire.
Un cap politique assumé par l’exécutif
La ministre a affirmé que ce chantier est suivi personnellement par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, qui en ont fait une priorité de leur programme judiciaire. « La situation actuelle n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’une inaction prolongée et d’un désintérêt chronique pour les conditions de détention », a dénoncé Yassine Fall.
Un constat sans appel : depuis l’indépendance, aucune prison nouvelle n’a été construite, malgré une population carcérale en constante hausse.
Un projet inachevé pointé du doigt
La ministre est également revenue sur le scandale autour du projet de construction d’un nouveau centre pénitentiaire de 2 500 places, initié sous le précédent régime. « Ce chantier s’est transformé en un gouffre financier, un exemple criant de prévarication sur fonds publics », a-t-elle affirmé, promettant que les responsabilités seront situées.
Quatre axes pour une réforme en profondeur
Face à ce diagnostic, le ministère de la Justice propose une réforme structurée autour de quatre grands piliers :
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Développement des peines alternatives pour les délits mineurs : travail d’intérêt général, médiation pénale, bracelet électronique.
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Aménagement des peines pour les détenus vulnérables (personnes âgées, malades ou proches de la fin de peine).
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Utilisation ciblée de la grâce présidentielle, dans le respect des principes d’équité, pour désengorger les établissements.
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Relance des projets de construction pénitentiaire, avec un cahier de charges strict et une supervision renforcée.
Un virage attendu, mais à concrétiser
Si les annonces marquent un changement de ton inédit, de nombreux acteurs du secteur judiciaire et de la société civile attendent des résultats concrets. « On ne peut pas réformer en paroles un système en ruines. Ce qui compte désormais, c’est la mise en œuvre », estime un magistrat sénégalais contacté par nos soins.
Les semaines à venir seront donc décisives pour évaluer la portée réelle de cette ambition affichée. Pour les milliers de détenus enfermés dans des conditions indignes, le temps presse.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com