Radiation de Juan Branco : L’opposition sénégalaise en France exige des comptes devant le tribunal de Paris
THIEYSENEGAL.com : L’examen de la demande de radiation de Juan Branco du barreau de Paris, tenu ce mercredi devant les instances disciplinaires judiciaires, a pris une tournure inattendue. Si une mobilisation de soutien à l’avocat franco-espagnol était redoutée par les autorités, c’est l’opposition sénégalaise de la diaspora qui a fait irruption, transformant la sortie du tribunal en scène de confrontation politique.
Une audience sous haute tension judiciaire
L’avocat Juan Branco comparaissait devant la chambre disciplinaire du barreau de Paris à la suite d’une requête conjointe du premier président de la Cour d’appel, du président du tribunal judiciaire et du parquet général. Il est accusé de manquements graves à la déontologie, notamment pour violation du secret de l’instruction, une infraction jugée particulièrement grave dans les milieux judiciaires français.
Des membres du FRDS attendent Branco au tournant
À la sortie de l’audience, plusieurs figures de l’opposition sénégalaise regroupées au sein du Front de Résistance de la Diaspora Sénégalaise (FRDS) attendaient l’avocat devant le Tribunal judiciaire de Paris. Le face-à-face a rapidement tourné au règlement de comptes verbal. L’un des manifestants n’a pas mâché ses mots : « Tu as voulu mettre notre pays à feu et à sang. Tu ne mérites pas la robe », a-t-il lancé avec véhémence.
Parmi les présents, on comptait Cheikh Ahmed Tidiane Sall, Fatou Mahine Ndiaye et Absatou Niang, tous connus pour leur engagement dans la lutte contre les ingérences étrangères dans les affaires internes du Sénégal. Cette mobilisation vise, selon leurs propres termes, à « dénoncer la posture néocoloniale et putschiste de Juan Branco » lors des événements de mars 2023.
Un avocat accusé d’avoir franchi la ligne rouge
Juan Branco avait acquis une notoriété médiatique en 2023 lorsqu’il s’était rendu au Sénégal en pleine crise politique, aux côtés de figures de l’opposition sénégalaise, avant d’être expulsé et brièvement détenu. Il est accusé par plusieurs acteurs politiques sénégalais – dont certains membres de l’actuelle majorité présidentielle – d’avoir joué un rôle incendiaire dans les manifestations ayant conduit à de violents affrontements et à la mort de plusieurs jeunes manifestants.
Selon les membres du FRDS, cette procédure disciplinaire est une suite logique aux dérives de l’avocat. « Branco n’a pas défendu un client. Il s’est mué en acteur politique, foulant aux pieds les principes de neutralité de son métier », a dénoncé Cheikh Sall, qui appelle la justice française à sanctionner « une dérive dangereuse pour l’éthique du barreau et pour la souveraineté de notre pays ».
Un verdict attendu dans les semaines à venir
Pour l’heure, Juan Branco reste inscrit au barreau de Paris, dans l’attente de la décision finale de la chambre disciplinaire. L’avocat a, de son côté, dénoncé une « cabale politique », affirmant être la cible d’un harcèlement judiciaire orchestré par des États africains autoritaires. Il n’a pas souhaité commenter l’incident avec les membres de la diaspora, quittant les lieux rapidement après l’audience.
La décision sur sa radiation pourrait intervenir d’ici la fin du mois d’août. Elle pourrait, si elle est validée, marquer un tournant dans le parcours tumultueux de cet avocat activiste, dont les méthodes divisent autant qu’elles fascinent.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com