Rapatriements sous silence : des Sénégalais expulsés des États-Unis dans une discrétion quasi totale

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THIEYSENEGAL.com : Aéroport international Blaise Diagne (AIBD). Depuis le mois d’avril, un phénomène jusque-là peu médiatisé prend de l’ampleur : le retour discret mais régulier de Sénégalais expulsés des États-Unis. Ces reconduites à la frontière s’opèrent dans un silence institutionnel quasi total, souvent à bord de vols commerciaux des compagnies Delta Airlines et United Airlines, selon des sources concordantes et des recoupements menés par Le Quotidien et d’autres organes de presse.

À chaque vol transatlantique en provenance de villes américaines comme Atlanta, Chicago ou New York, une dizaine de migrants sénégalais sont discrètement débarqués sur le tarmac de l’AIBD. Ces expulsions se sont intensifiées ces dernières semaines, au point d’inquiéter les familles et les associations sénégalaises basées aux États-Unis.

« Certains sont arrivés menottés, d’autres sans leurs papiers ni leurs effets personnels. On les expulse comme des criminels », déplore un membre d’une association d’aide aux migrants basée à Chicago.

Les opérations de rapatriement sont conduites sous la supervision de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), l’agence fédérale américaine en charge du contrôle migratoire. Bien que la pratique ne soit pas nouvelle, le rythme actuel des expulsions tranche avec les mois précédents. L’ICE semble avoir renforcé ses contrôles dans certains États comme l’Illinois, l’Ohio, la Géorgie ou encore la Californie — où vit une importante diaspora sénégalaise.

Selon une source consulaire, ces expulsions font suite à des décisions judiciaires parfois rendues sans la présence effective des concernés, faute d’accès à une défense juridique adéquate. « Le droit à un avocat n’est pas automatique dans les procédures migratoires. Beaucoup ignorent leurs droits ou n’ont pas les moyens de se défendre. Cela accélère les décisions d’expulsion », explique un juriste spécialisé en immigration basé à New York.

La politique migratoire américaine, durcie ces dernières années malgré des promesses d’assouplissement sous l’administration Biden, se traduit sur le terrain par une tolérance zéro pour les sans-papiers, même installés depuis plusieurs années.

Au Sénégal, l’arrivée soudaine de ces compatriotes refoulés dans la plus grande discrétion pose également un défi aux autorités locales. Aucun dispositif d’accueil officiel n’est actuellement en place à l’AIBD pour les migrants expulsés. Beaucoup repartent immédiatement vers leurs régions d’origine, souvent sans moyens ni accompagnement psychologique.

Dans un contexte électoral tendu aux États-Unis, où l’immigration illégale demeure un thème de campagne majeur, ces opérations pourraient se multiplier. Le silence des autorités sénégalaises sur la question, quant à lui, suscite de plus en plus d’interrogations parmi les familles concernées.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com 

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