THIEYSENEGAL.com: L’enthousiasme affiché autour de la campagne nationale de reddition des comptes, lancée par le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, ne fait pas l’unanimité sur tous les points. Si la plupart des observateurs saluent l’élan de rupture, certains, à l’image de Pape Samba Mboup, ancien chef de cabinet du président Abdoulaye Wade, s’interrogent sur un épisode jugé incohérent : le départ de Macky Sall pour le Maroc, sans restriction judiciaire ni appel à comparaître.
Dans un entretien accordé à L’Observateur, Pape Samba Mboup n’a pas mâché ses mots : « Le ‘Jub Jubal Jubanti’ est bien en marche. Le président Diomaye Faye et Ousmane Sonko travaillent pour le peuple. Mais il y a une faille : on n’aurait jamais dû laisser Macky Sall quitter le territoire. » Selon lui, l’ancien chef de l’État est « au fait de tous les mouvements de fonds opérés durant la gestion du Covid-19 », aujourd’hui au cœur d’une enquête judiciaire qui a déjà conduit à plusieurs arrestations d’anciens ministres et hauts fonctionnaires.
Un symbole manqué ?
Alors que le pays entre dans ce que certains appellent une « transition éthique », la présence de Macky Sall hors du territoire national – désormais installé au Maroc – est perçue par certains comme un obstacle à la justice et à la symbolique de reddition totale des comptes. Aucun mandat judiciaire ne semble avoir été émis à ce jour contre l’ancien président, qui bénéficie toujours de son statut d’ancien chef d’État, avec les privilèges et protections que cela implique.
Pape Samba Mboup insiste néanmoins sur l’importance de laisser à la justice le temps d’agir : « Le peuple doit rester patient. On ne peut pas bâtir une maison sur des ordures. Il faut nettoyer d’abord. »
Un climat de tension feutrée
Depuis les premiers audits et interpellations dans le cadre de la gestion des fonds Force Covid-19, l’atmosphère politique est à la fois tendue et scrutée. Le gouvernement Diomaye–Sonko s’efforce de tenir sa promesse de transparence, tout en naviguant entre pressions populaires et nécessité de garantir un procès équitable à toutes les parties.
Le cas Macky Sall pourrait devenir un test majeur pour la cohérence de la nouvelle gouvernance. Et déjà, certains acteurs de la société civile appellent à ce que les responsabilités soient établies à tous les niveaux, y compris au sommet de l’État sortant.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com