Réforme électorale au Sénégal : la société civile sort de l’ombre et entre dans l’arène

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THIEYSENEGAL.com : À la veille d’un dialogue politique aux enjeux déterminants, la société civile sénégalaise se positionne comme un acteur clé du processus démocratique. En première ligne, elle propose une refonte du code électoral, prône un suivi rigoureux des réformes et appelle à un dialogue préventif, structuré et inclusif.

Depuis toujours sentinelle du jeu démocratique sénégalais, la société civile ne se contente plus d’un rôle consultatif. Elle se mobilise, propose, alerte, et surtout, s’érige en vigie face aux crispations politiques à répétition. À l’initiative du Collectif des organisations de la société civile (Cosce), du Gradec et de l’ONG 3D, un mémorandum unifié a été rédigé. Il sera soumis aux acteurs politiques dans le cadre du dialogue national.

Une contribution à la hauteur des enjeux démocratiques

Ce document de référence articule ses recommandations autour de trois axes majeurs : démocratie et droits humains, réforme du processus électoral et renforcement institutionnel. L’objectif : aller au-delà de la seule logique de pacification pour entrer dans une dynamique de réformes de fond. Les organisations signataires insistent notamment sur la création d’un comité de suivi indépendant, chargé de veiller à l’application des recommandations issues du dialogue.

Pour Djibril Gningue, directeur exécutif de Pacte et membre du Gradec, cette initiative s’inscrit dans une volonté de mettre fin aux tensions politiques cycliques :

« Il est aujourd’hui nécessaire de parfaire notre système politique, qui repose largement sur la crédibilité du processus électoral. »

Prévention plutôt que réaction

À l’heure où le pays tourne la page d’un cycle politique agité, la société civile plaide pour un dialogue en amont des crises, à rebours des pratiques réactives du passé. Pour Moundiaye Cissé, directeur exécutif de l’ONG 3D, un tel cadre d’échanges ne doit pas être perçu comme une mesure d’urgence, mais comme un pilier du fonctionnement démocratique :

« Nous ne devons pas attendre des tensions pour dialoguer. Un dialogue préventif permettrait de dépassionner les débats et d’avancer dans un climat plus serein. »

Cette vision est partagée par Ababacar Fall, secrétaire exécutif du Gradec, qui met en avant l’expertise technique et institutionnelle acquise par la société civile au fil des ans :

« Nous ne sommes plus de simples observateurs. Nous avons développé une légitimité d’action dans les sphères politiques et institutionnelles. »

Un rôle de médiateur pour fédérer

Consciente de la nécessité d’un consensus fort pour faire aboutir une réforme crédible du code électoral, la société civile appelle à la mobilisation de tous les segments de la classe politique, majorité comme opposition. Le professeur Babacar Gaye, président du Cosce, le rappelle avec lucidité .

« La démocratie est une pièce à double face : l’une symbolise la compétition, l’autre la communion. Le dialogue est consubstantiel à la démocratie. »

Il invite à dépasser les intérêts partisans pour « soigner la maladie politique » à la racine, notamment en traitant les dysfonctionnements structurels qui minent la transparence électorale, la représentativité des institutions et la confiance des citoyens.

Le test de la crédibilité

Pour réussir ce tournant, les organisations de la société civile posent un cadre clair : inclusivité, transparence, régularité des évaluations, et garantie d’application des décisions. Si ces conditions sont réunies, le dialogue politique pourrait ne pas être une énième rencontre stérile, mais un moment fondateur dans l’histoire démocratique du Sénégal.

Le pays, souvent cité en exemple sur le continent, est à la croisée des chemins. Et cette fois-ci, la société civile ne veut plus être dans les gradins. Elle veut être sur le terrain, avec les règles du jeu en main.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com 

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