Réhabilitation de Karim Wade et Khalifa Sall : Macky Sall indispose l’opposition Sénégalaise
THIEYSENEGAL.com : Des journalistes et spécialistes en sciences politiques se sont prononcés sur la réhabilitation de Karim Wade et Khalifa Sall. Un sujet qui occupe les débats dans les salons et à travers les médias. L’opposition (l’inter-coalition Yewwi Wallu) en avait fait un cheval de bataille lors de la campagne électorale des dernières Législatives. Mais aujourd’hui la décision «piégée» du Président Macky Sall «d’examiner, dans les meilleurs délais, les possibilités et le schéma adéquat d’amnistie pour des personnes ayant perdu leurs droits de vote» a fini de refroidir la dynamique de combat des opposants qui envisagent d’imposer à l’Assemblée nationale une proposition de loi dans ce sens.
L’opposition soupçonne, selon le journaliste et analyste politique Pathé Mbodj, un calcul politicien que Macky Sall est en train de réaliser à sa place.
«En annonçant cette mesure d’amnistie des personnes ayant perdu leurs droits de vote, le Président Macky Sall coupe l’herbe sous les pieds de ses opposants. Il leur enlève un argument sérieux qui était l’exclusion de certains de ses adversaires politiques du jeu électoral, parce qu’ils n’étaient pas électeurs et donc pas éligibles», indique Pathé Mbodj dans les colonnes de l’Obs. Il ajoute: “Si Macky Sall enlève à ses opposants cet argument de poids, il prend un peu la place de l’opposition dans l’opinion. Parce que le combat que les Sénégalais attendaient de l’opposition, c’est Macky Sall qui le mène à bien. C’est une stratégie qui permet au Président Sall de tirer la couverture de son côté en réintégrant Karim Wade et Khalifa Sall dans la course”.
Aliou Ndiaye, journaliste-analyste politique et Directeur général de «Pikini Production», signale qu’on ne peut pas objectivement soupçonner l’opposition de ne pas vouloir déposer de loi qui va dans le sens de permettre à Karim Wade et Khalifa Sall de recouvrer leurs droits civils et politiques. Maintenant, constate Aliou Ndiaye, le dépôt de cette proposition de loi à l’Assemblée nationale paraît aujourd’hui presque quasiment inutile, parce que le président de la République, Macky Sall, a décidé de déposer un projet pour amnistier les personnes ayant perdu leurs droits de vote. Seulement indique le journaliste et analyste politique, «le fait que le Président Macky Sall décide de déposer un projet de loi fait naître dans les esprits un certain nombre de suspicions. Certainement, il y a une partie de l’opposition qui va se dire que si le Président est prêt à déposer un projet de loi, c’est parce qu’il a déjà discuté avec Khalifa Sall et le Parti démocratique», indique-t-il
Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis note que cette décision d’amnistie pour les personnes ayant perdu leurs droits de vote annoncée par le Président Macky Sall cache beaucoup de pièges politiques. Elle a instauré déjà, dit-il, des dissensions internes au niveau de l’opposition. Cette loi, indiquent certains analystes politiques, même si elle n’arrange pas le président Sall, elle vise surtout à casser la bipolarisation actuelle sur le plan politique. Pour eux, le retour de Karim Wade et Khalifa Sall sur la scène politique va réduire la force électorale de l’opposant Ousmane Sonko. Ils soupçonnent le Président Sall de ne pas être animé par de bonnes intentions. Son souci, c’est son redoutable adversaire politique Ousmane Sonko qu’il veut casser politiquement. Pour le professeur Moussa Diaw, avec cet acte politique posé par le Président Sall, on voit derrière des calculs politiques pour déstabiliser l’opposition, redorer son blason au niveau de l’opinion publique, et voir si la situation est favorable pour se repositionner politiquement pour un troisième mandat en 2024.
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