Sénégal-FMI : la reprise du programme de 1,8 milliard de dollars reste gelée dans l’attente d’un audit finalisé
THIEYSENEGAL.com : Le retour à la table des négociations entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (FMI) attendra encore. Alors que les autorités sénégalaises espéraient conclure un nouvel accord en juin dans le cadre du programme de Facilité élargie de crédit (FEC) et de Facilité de financement élargi (EFF), les discussions sont de nouveau repoussées. En cause : l’attente des conclusions définitives de l’audit financier commandé à la suite de graves irrégularités constatées dans la gestion des comptes publics entre 2019 et mars 2024, sous la présidence de Macky Sall.
C’est lors d’un point de presse tenu jeudi à Washington que Julie Kozack, directrice de la communication du FMI, a clarifié la position de l’institution de Bretton Woods. « Nous attendons les résultats finaux de l’audit », a-t-elle indiqué, tout en soulignant que « le processus de traitement de ce dossier est rigoureux et peut prendre du temps ». Aucune date précise de reprise des négociations n’a été avancée.
Cette suspension concerne un programme d’aide d’un montant de 1,8 milliard de dollars, soit un peu plus de 1000 milliards de francs CFA, qui devait soutenir le Sénégal dans son redressement budgétaire et financier post-Covid, mais également accompagner les réformes structurelles du pays. Le programme avait été conclu en juin 2023, avant d’être mis en pause fin mars 2024, après la révélation d’irrégularités majeures.
Selon les conclusions préliminaires de l’Inspection générale des finances (IGF), validées par la Cour des comptes, des maquillages comptables ont été pratiqués, avec notamment la dissimulation de passifs, la mauvaise évaluation de certaines dépenses publiques, et la production de rapports financiers jugés non conformes aux standards de transparence requis par les bailleurs internationaux.
Le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, avait exprimé en avril dernier sa volonté de restaurer la confiance avec le FMI. Mais les nouvelles autorités, arrivées au pouvoir fin mars avec le président Bassirou Diomaye Faye, font désormais face à une équation budgétaire complexe : marges de manœuvre restreintes, pression sociale, dette publique élevée, et engagements urgents à financer dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’emploi.
Le FMI, de son côté, maintient un dialogue ouvert, mais prudent. L’institution insiste sur la nécessité de garanties fortes en matière de bonne gouvernance et de transparence budgétaire avant toute relance du programme. Le gouvernement sénégalais devra donc faire preuve d’une rigueur exemplaire dans la conduite de l’audit et la mise en œuvre de réformes pour espérer un dégel rapide de l’aide.
Ce retard représente un défi de taille pour le nouveau pouvoir, qui doit concilier impératifs sociaux, pression populaire et discipline budgétaire dans un contexte économique tendu. La balle est désormais dans le camp de Dakar, sommé de rétablir la confiance avec ses partenaires techniques et financiers.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com