Sénégal : la coalition « Rappel à l’Ordre » manifeste pour la criminalisation de l’homosexualité et interpelle le régime Diomaye-Sonko

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THIEYSENEGAL.com : Une nouvelle coalition d’organisations sociopolitiques et religieuses, baptisée « Rappel à l’Ordre », a organisé ce vendredi une marche dans les rues de Ngor pour réclamer la criminalisation explicite de l’homosexualité au Sénégal. Une mobilisation marquée par des slogans virulents et des prises de position fermes à l’encontre du gouvernement actuel.

Regroupant des structures connues comme Jamra, Nittu Degg Valeurs, Nio Lank, Ngor Debout, And Taxawu Ndogou Magg Yi, le Rassemblement des Travailleurs, ainsi qu’une quinzaine d’autres mouvements, la coalition affirme vouloir « sauvegarder les fondements moraux » du pays, qu’elle considère menacés.

Un discours religieux et identitaire

Figure emblématique de cette mobilisation, Mame Mactar Guèye, vice-président de l’ONG Jamra, a livré un discours ancré dans les références religieuses :

« C’est Dieu qui a criminalisé en premier l’homosexualité. L’Église la bannit, l’islam également », a-t-il déclaré à la presse.

Le leader de Jamra a également dénoncé ce qu’il appelle les « provocations répétées » du « lobby LGBT » au Sénégal, affirmant que des films pornographiques auraient été tournés dans des lieux saints et évoquant des « mariages homosexuels clandestins » dans des villes religieuses du pays. Ces propos, non étayés par des preuves concrètes, n’ont pour l’heure pas fait l’objet de confirmation par les autorités judiciaires.

Pression sur le gouvernement

Les manifestants ont critiqué l’attitude jugée « ambiguë » du régime dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko. Plusieurs orateurs les ont accusés de n’avoir toujours pas donné suite à leurs engagements de campagne sur la criminalisation de l’homosexualité.

« Ils ont dénoncé Macky Sall en l’accusant de tolérer l’homosexualité, mais aujourd’hui ils sont au pouvoir et nous attendons toujours des actes concrets », a déclaré un membre de la coalition.

Le slogan « Goor Djigeen duffi am baat » (litt. « l’homosexualité n’a pas droit à la parole ») a été scandé tout au long de la manifestation, illustrant l’hostilité frontale d’une partie de la société sénégalaise envers les minorités sexuelles.

Tensions au sein des courants religieux

Un autre fait marquant de cette manifestation a été la prise de distance avec la plateforme « And Samm Jikko Yi », longtemps perçue comme la vitrine religieuse du combat contre l’homosexualité au Sénégal. Mame Mactar Guèye et d’autres intervenants ont accusé ce collectif d’« attentisme », affirmant que la nouvelle coalition entend désormais occuper le terrain plus activement.

Un débat toujours sensible

Au Sénégal, l’homosexualité est interdite par l’article 319 du Code pénal, qui sanctionne les « actes impudiques ou contre-nature » entre personnes de même sexe. Toutefois, certains groupes religieux et conservateurs réclament une révision plus explicite et répressive du texte, transformant cette question en enjeu politique majeur depuis plusieurs années.

En mars 2022, une proposition de loi visant à criminaliser davantage l’homosexualité avait été introduite à l’Assemblée nationale, sans jamais aboutir. Depuis l’arrivée du nouveau pouvoir en mars 2024, le sujet refait surface avec force, alimentant les clivages entre conservateurs religieux et défenseurs des droits humains.

Enjeux politiques et sociétaux
La question de la criminalisation de l’homosexualité s’inscrit dans un contexte de polarisation idéologique croissante au Sénégal, où les questions de mœurs et de religion occupent une place prépondérante dans le débat public. Alors que le gouvernement Diomaye-Sonko tente de maintenir un équilibre entre engagements électoraux, droits fondamentaux et pression des lobbies religieux, cette manifestation pourrait forcer l’exécutif à clarifier sa position sur un sujet particulièrement inflammable.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com 

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