Sénégal-Mauritanie : Le gaz naturel liquéfié propulse la coopération régionale au rang d’acteur global
THIEYSENEGAL.com : Le Sénégal et la Mauritanie ont franchi une étape décisive dans leur trajectoire énergétique en procédant à l’exportation inaugurale de gaz naturel liquéfié (GNL), fruit du projet commun Grand Tortue Ahmeyim (GTA). Cette première cargaison marque non seulement l’entrée des deux pays sur le marché mondial du GNL, mais symbolise également l’aboutissement d’un long processus de coopération bilatérale et d’innovation industrielle.
C’est par un communiqué officiel du ministère sénégalais de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, diffusé le 19 avril, que la nouvelle a été confirmée. Décrite comme une « avancée stratégique majeure » et un « événement historique », cette étape inscrit le projet GTA dans le paysage énergétique mondial, à l’heure où la sécurité énergétique et la diversification des sources prennent une dimension géopolitique cruciale.
Une montée en puissance progressive
Lancée en 2018, la coopération entre Dakar et Nouakchott autour du champ gazier offshore GTA a connu plusieurs jalons clés. Le 31 décembre 2024, le seuil technique du « First Gas » est atteint, marquant le début de l’exploitation. Quelques semaines plus tard, le 9 février 2025, la plateforme flottante de liquéfaction FLNG Gimi, amarrée au Hub Terminal, entame la production de GNL. Cette unité mobile, capable de traiter 2,5 millions de tonnes de gaz par an en phase initiale, amorce alors le premier des quatre trains de liquéfaction prévus.
Le fruit d’un partenariat à grande échelle
Le projet GTA, opéré par BP en partenariat avec Kosmos Energy, Petrosen (pour le Sénégal) et la Société Mauritanienne des Hydrocarbures (SMH), illustre une coopération régionale réussie, souvent saluée comme modèle de gouvernance transfrontalière. Le gisement, situé à cheval sur les eaux territoriales sénégalaise et mauritanienne, est développé sur la base d’un accord de coopération intergouvernemental signé en février 2018, garantissant un partage équitable des bénéfices et une coordination technique et réglementaire sans précédent dans la sous-région.
Transition énergétique et retombées locales
Au-delà de son importance géostratégique, le projet GTA s’inscrit dans une logique de transition énergétique pour les deux pays. Le Sénégal, en particulier, y voit un levier de diversification face à sa dépendance aux importations de produits pétroliers. « Ce projet est un catalyseur pour notre ambition d’autonomie énergétique durable, mais aussi une opportunité de formation, d’emploi et de développement des compétences locales », confie un haut cadre du ministère sénégalais de l’Énergie.
Les autorités, conscientes des risques liés à la « malédiction des ressources », appellent néanmoins à la « vigilance continue » pour garantir une redistribution équitable des richesses issues du gaz. À cet effet, plusieurs initiatives de contenu local sont en cours de mise en œuvre, avec un accent mis sur les infrastructures, la fiscalité responsable et la montée en compétence des acteurs nationaux.
Une Afrique de l’Ouest qui compte dans le GNL mondial
En s’appuyant sur une infrastructure offshore à la pointe, une coopération régionale solide et des partenaires industriels de premier plan, le Sénégal et la Mauritanie font désormais figure d’acteurs crédibles sur le marché mondial du GNL. Dans un contexte de recomposition des flux énergétiques mondiaux, marqué par la guerre en Ukraine et les efforts de décarbonation en Europe et en Asie, cette nouvelle capacité d’exportation place les deux pays sur la carte des fournisseurs alternatifs stratégiques.
En conclusion, l’exportation inaugurale de GNL depuis le champ GTA est bien plus qu’un simple exploit technique : elle consacre une vision partagée, fondée sur la coopération, la durabilité et la souveraineté énergétique. Elle ouvre aussi un nouveau chapitre pour l’Afrique de l’Ouest, appelée à jouer un rôle de plus en plus central dans l’équation énergétique mondiale.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com