Transport urbain : les taxis traditionnels en justice contre Yango, Yassir et Heetch pour concurrence déloyale
THIEYSENEGAL.com : Le bras de fer entre taxis traditionnels et plateformes numériques de transport prend un tournant judiciaire. Le Regroupement des Taxis Urbains du Sénégal (RTUS) a annoncé la tenue d’une audience spéciale, prévue le lundi 14 avril 2025 à 9 heures, au tribunal de grande instance de Dakar. En ligne de mire : les applications Yango, Yassir et Heetch, assignées pour « concurrence déloyale ».
Dans leur requête, les plaignants accusent ces entreprises de violer les règles du jeu économique et social. À travers des pratiques jugées « agressives » — notamment des tarifs cassés, des promotions permanentes, et une absence présumée de conformité aux régulations locales — les plateformes menaceraient, selon eux, la viabilité d’un métier déjà fragilisé.
« Nous ne sommes pas contre la concurrence, mais elle doit être loyale et respectueuse des lois en vigueur », déclarent les représentants du RTUS dans un communiqué diffusé ce mardi.
Les griefs sont nombreux : absence de licence de transport, défaut d’assurance professionnelle, manque de couverture sociale pour les chauffeurs partenaires, et inégalité fiscale. En face, les chauffeurs de taxis sont soumis à une réglementation stricte, incluant l’acquisition de licences coûteuses, des contrôles techniques fréquents, et des obligations sociales encadrées par l’État.
Le collectif réclame un encadrement rigoureux des plateformes numériques, dont la montée en puissance s’est accélérée ces dernières années dans les centres urbains du pays, Dakar en tête. Ces services sont plébiscités par une partie de la population pour leur accessibilité, la transparence des tarifs et la flexibilité du service, mais les professionnels du secteur traditionnel y voient une menace directe à leur survie.
En marge de la procédure judiciaire, le RTUS a lancé une mobilisation symbolique : tous les chauffeurs affiliés au regroupement sont appelés à porter des brassards rouges à partir du jeudi 10 avril, pour une durée de 48 heures renouvelable, afin de sensibiliser l’opinion publique.
Cette action pourrait marquer le début d’un mouvement plus large si aucune réponse institutionnelle n’est apportée. Le collectif n’exclut pas de durcir le ton avec des actions de grève ou des blocages ciblés en cas de statu quo.
Le procès du 14 avril s’annonce comme un test majeur pour le cadre juridique du transport urbain sénégalais, dans un contexte où la transformation numérique bouscule les modèles économiques traditionnels. Les yeux seront tournés vers le palais de justice de Dakar, où se jouera peut-être un tournant dans la régulation du transport à l’ère des plateformes.
La rédaction de THIEYSENEGAL.com