Un réseau de faux extraits de naissance démantelé, le maire de Karantaba alerte sur un système à bout de souffle

0

THIEYSENEGAL : Le voile se lève sur une vaste fraude documentaire dans le sud du Sénégal. Un réseau spécialisé dans la falsification d’extraits de naissance a été démantelé à Sédhiou, après une opération policière qui a permis l’arrestation d’un ancien militaire. Au centre de la tourmente : la commune de Karantaba, dont les cachets officiels ont été utilisés à des fins frauduleuses. Son maire, Banding Fossar Souane, dénonce une mafia administrative bien rodée et appelle à une réforme urgente du système d’état civil.

Des documents falsifiés portant des cachets officiels

C’est à travers un entretien exclusif accordé à L’Observateur que le maire de Karantaba a révélé l’ampleur de la fraude. Plusieurs faux extraits de naissance circulaient avec le cachet authentique de la mairie et la signature usurpée d’un ancien officier de l’état civil de la commune.

L’affaire, déjà suivie par la police, a connu un tournant avec l’arrestation d’un certain I. Faty, ex-militaire devenu faussaire présumé, soupçonné d’être au cœur du réseau. Le démantèlement a permis la saisie de nombreux faux documents, révélant un trafic bien plus étendu qu’anticipé.

« Nous sommes confrontés à une mafia administrative, organisée, qui tire profit de la faiblesse structurelle de notre état civil », a dénoncé Banding Fossar Souane.

Un système local vulnérable, un signal national

Le maire indique avoir déposé une plainte contre X il y a plusieurs mois, restée lettre morte jusqu’à ce que la pression citoyenne et les preuves accumulées forcent l’ouverture d’une enquête.

Pour faire face à la situation, la commune de Karantaba a mis en œuvre une réforme locale de son système d’état civil, misant sur la numérisation complète des archives et l’attribution d’un numéro unique de traçabilité à chaque acte délivré.

« Aujourd’hui, chaque document est vérifiable en ligne. C’est notre riposte face à un fléau qui dépasse notre seule commune. Mais cela ne suffira pas sans un appui national. »

Au-delà de son territoire, le maire de Karantaba met en cause l’absence de base de données centralisée, un déficit qui, selon lui, permet à des faussaires de créer des identités fictives, de multiplier les actes frauduleux ou d’alimenter des réseaux criminels, y compris à des fins de fraude électorale ou d’émigration irrégulière.

« L’État sénégalais tarde à instaurer un système interconnecté, sécurisé, et uniforme. Pendant ce temps, des individus profitent de ces brèches pour créer des identités fantômes. »

Conséquences et perspectives

Dans ce dossier, Banding Fossar Souane annonce vouloir se constituer partie civile, affirmant que l’image de sa collectivité a été gravement affectée par l’utilisation frauduleuse de ses outils officiels.

La falsification d’actes d’état civil est plus qu’un délit administratif : elle constitue un point d’entrée vers des dérives majeures, avec des implications sur la sécurité, les élections, et la gestion des aides sociales.

Un appel à l’action

Ce scandale relance la question du retard numérique de l’administration sénégalaise. Malgré les efforts entrepris ici et là, l’état civil demeure l’un des maillons faibles de la gouvernance publique. Le maire de Karantaba en appelle à une réforme structurelle, reposant sur :

  • La numérisation nationale des archives ;

  • L’interconnexion des centres d’état civil ;

  • La formation et la responsabilisation du personnel ;

  • Et la mise en place d’un cadre légal renforcé contre la fraude documentaire.

La rédaction de THIEYSENEGAL.com

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.