La très rigoriste Arabie saoudite, connue pour son arsenal de lois moyenâgeuses, inaugure-t-elle vraiment une nouvelle ère sous l’impulsion de son prince réformateur, Mohammed ben Salmane ?
Tout porterait à le croire, s’il n’y avait une ombre au tableau pour assombrir la levée de l’interdiction de conduire infligée aux femmes, vieille de plusieurs décennies, ainsi que la dernière mesure phare criminalisant le harcèlement sexuel : la répression qui redouble actuellement à l’encontre de militantes des droits de l’Homme, les autorités saoudiennes ayant en effet interpellé plus d’une douzaine d’entre elles au cours de ces derniers jours.
Mais que fait le “tout-puissant” MBS et où est-il donc passé ? Deux questions qui se posent aujourd’hui avec acuité et en intriguent plus d’un…
Et pourtant, il y avait tout lieu de se réjouir de voir les Saoudiennes passer enfin derrière le volant, le 18 juin prochain, et plus encore d’apprendre, via l’agence de presse SPA, l’adoption d’une loi anti-harcèlement proposée par le Conseil de la Choura (l’organe consultatif de l’Arabie saoudite), susceptible d’être ratifiée sous peu par un décret royal.
A l’heure où les femmes, victimes d’abus en tout genre, brisent la chape de plomb du silence dans toutes les langues et à la surface du globe, cette mesure, qui s’inscrit dans l’air du temps, prévoit des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans, assorties d’une amende s’élevant à 300 000 riyals (soit près de 68 000 euros).
Le texte « vise à combattre le délit de harcèlement, à l’empêcher, à administrer un châtiment aux auteurs et à protéger les victimes afin de préserver leur vie privée, leur dignité et les libertés personnelles qui sont garanties par la loi islamique et la législation », a déclaré le Conseil.
Cette loi semble être la dernière d’une série de réformes engagées par le grand absent du moment, Mohammed ben Salmane, celui que l’on a présenté comme l’incarnation du renouveau politique au royaume wahhabite, avant qu’une vague d’arrestations de féministes saoudiennes n’ait terni sa belle image et instillé le doute sur sa réelle volonté, ou capacité, de promouvoir les droits des femmes.
