Hélas ! J’avoue mon déchirement et ma tristesse. Cette réalité non reluisante qui perdure de jour en jour, au Sénégal, me pousse à prendre ma plume pour laisser couler l’encre indélébile de l’indignation et faire jaillir les étincelles de l’espoir qui pourraient y échapper.
La violence Conjugale. Il s’agit d’une forme de violence exercée par l’un des conjoints sur l’autre, en général le mari sur la femme. Elle peut prendre notamment prendre plusieurs formes : physique, psychologique, verbale… Le constat est qu’au Sénégal 33% des ménages ont connu ou connaissent la violence conjugale. Malheureusement, la goutte d’eau qui a fait déborder la vase est l’image qui circule actuellement dans les réseaux sociaux. Il s’agit, en effet, d’une femme assise sur une chaise, dont le dos est sauvagement lacéré et sanguinolent ; supplice qui lui a été infligé par son mari à la suite d’une banale histoire de moustiquaire. J’en suis arrivée à me demander est ce qu’il reste un tout petit peu d’humanité chez certains hommes ? N’avez-vous pas constaté le nombre incroyable de jeunes femmes souffrant de goitre ? Jadis le goitre était une maladie causée par une carence en sel iode ; maintenant elle est, en grande partie, causée par le stress que vivent les femmes au quotidien. Avez-vous fait le tour chez les spécialistes de la santé mentale au Sénégal ? Eh bien, ils vous confieront sans doute que la majeure partie des femmes souffrant de troubles psychologiques l’avaient hérité d’un ménage difficile. Disons-le tout net, beaucoup de femmes souffrent le martyre dans leur ménage !
Certaines qui n’osent pas quitter le domicile conjugal par peur du regard de la société sénégalaise encrée dans ces traditions ancestrales dont le « MOUGNE » a fini de faire des victimes expiatoires éternellement condamnées à courber l’échine pour sauver les apparences sociales. D’autres n’ayant pas l’autonomie financière leur permettant de s’affranchir du joug de maris violents se trouvent ainsi contraintes de rester dans le ménage contre leur gré. Et pourtant, malgré ce contexte peu reluisant où les strangulations, les sévices corporels de toutes sortes mais également les insultes et autres humiliations sont légions, la législation sénégalaise a enregistré des avancées certaines en matière de défense des droits de l’homme. C’est ainsi que le Sénégal a largement légiféré dans ce sens.
Ainsi, au plan interne, la constitution de 2001 consacre la réglementation spécifique sur les violences faites aux groupes vulnérables. En outre, la protection des droits de la personne, de son intégrité physique et morale a fait aussi l’objet d’une réglementation dans le code pénal sénégalais. Le Sénégal a aussi signé et ratifié plusieurs conventions favorables à la prévention des droits de la femme dont ceux relatifs à l’élimination de toutes formes de violences à l’égard des femmes. On note aussi la montée en puissance de plusieurs associations féminines de luttes contre les violences faites aux femmes dont l’association des juristes sénégalaises (AJS). C’est dire qu’il existe une volonté plusieurs fois réaffirmée des pouvoirs publics de lutter contre ce fléau aussi destructeur que deshumanisant.
A toutes ces femmes qui souffrent terriblement dans leurs ménages, l’heure est de briser la loi du silence ! Dénoncez vos peines ; arrêtez de prétexter que les évènements qui surviennent au sein de cellule familiale relève du domaine intime ; cessez de souffrir pour des conjoints peu soucieux de votre bien être ; arrêtez pour une bonne fois de vous cacher derrière des croyances forgées par nos ancêtres dans un contexte à jamais révolu.
Osez prendre vos responsabilités car c’est vous seules qui souffrez.
A nos parents, je demanderais d’éduquer les filles de la même façon que les garçons. Inculquer aux filles des valeurs leur assurant plus d’autonomie afin qu’elle puisse mener leur vie dans l’honneur et la dignité au même titre que les garçons.
A la justice sénégalaise, je recommanderais plus de sévérité à l’endroit des auteurs des actes de violences perpétrés sur des femmes vulnérables souvent sans moyens ni défense.
En fin, aux pouvoirs publics je recommanderais la création de structures d’accueil à travers tout le pays afin d’y recevoir ces femmes en situation de détresse.
Mariame Tity Touré
