THIEYSENEGAL.com : Au cœur de Dakar, sous le soleil brûlant de la Médina, un groupe de musiciens décidait dans les années 1970 de transformer les nuits sénégalaises en un voyage musical sans frontière. Leur nom ? Orchestra Baobab. Inspiré du mythique arbre de vie africain, ce groupe n’a jamais cessé d’étendre ses branches, allant puiser dans les racines profondes des traditions africaines tout en se nourrissant d’influences cubaines, caribéennes et jazzy.
À ses débuts, Orchestra Baobab est né de la rencontre entre des talents originaires de divers horizons culturels. Ils ont trouvé leur public au Club Baobab, un bar célèbre de Dakar fréquenté par les élites de la ville, et leur musique s’est rapidement imposée comme un symbole d’unité et de diversité. À cette époque, leurs chansons comme Balla Daffe ou Thiely résonnent dans toute l’Afrique de l’Ouest. Chaque membre du groupe apporte une identité propre : chant wolof, sérère, mandingue, guitare cubana, saxophone suave… Un vrai mélange, à la fois savant et libre, qui fait vibrer le public de Dakar à Conakry, en passant par Abidjan.
Leur style est un véritable cocktail d’émotions : un fond de rumba, une touche de jazz, une rasade d’afro-cubain et quelques notes de salsa, le tout saupoudré de mélodies sénégalaises. Ces musiciens racontent l’histoire des peuples, des espoirs et des luttes, des amours et des séparations. Leur morceau Mohamadou Bamba, hommage au leader spirituel sénégalais, est l’un des plus connus, un chant mystique qui transporte son auditoire bien au-delà des frontières du Sénégal.
Malgré leur succès fulgurant, l’arrivée de nouveaux courants comme le mbalax, popularisé par Youssou N’Dour, amène une vague de fraîcheur dans la musique sénégalaise. Le public se détourne peu à peu de l’Orchestra Baobab, qui finit par se dissoudre en 1987. Pendant plus d’une décennie, leur musique devient une légende perdue. Pourtant, les enregistrements résistent au temps, comme des trésors oubliés, jusqu’à ce qu’une rencontre inattendue relance leur aventure.
En 2001, Nick Gold, producteur britannique célèbre pour son travail avec le Buena Vista Social Club, réédite Pirates Choice, l’un des albums emblématiques du groupe. Ce disque, né dans les années 1980 et jusque-là réservé aux connaisseurs, prend une dimension mondiale. En l’espace de quelques mois, Orchestra Baobab redevient le symbole d’une Afrique généreuse et ouverte. Ce renouveau culmine avec l’album Specialist in All Styles, produit par Youssou N’Dour, un hommage aux racines du groupe et une invitation à danser.
Ce retour scénique est suivi par des tournées internationales qui les mènent de Paris à New York, et l’album Made in Dakar, sorti en 2007, vient couronner cette renaissance. On y retrouve toute l’essence de leur musique : une nostalgie douce, des rythmes envoûtants, des voix qui capturent les âmes. Mais comme tout grand groupe, Orchestra Baobab a connu des pertes douloureuses, notamment la disparition de membres fondateurs comme Ndiouga Dieng et Balla Sidibé, laissant un vide pour leurs fans et leurs compagnons de route. Cependant, fidèle à l’esprit du baobab, qui résiste aux tempêtes, le groupe continue d’avancer. L’album Tribute to Ndiouga Dieng, sorti en 2017, est une ode à ces pionniers, un hommage aux racines qui n’oublient jamais d’où elles viennent.
Orchestra Baobab est plus qu’un groupe, c’est une aventure, un héritage vivant qui se transmet de génération en génération. Leur musique est une invitation à découvrir le Sénégal, non pas seulement comme un pays, mais comme une expérience, une mosaïque de sons et de couleurs. La force d’Orchestra Baobab, c’est cette capacité unique à faire vibrer, à la fois les amateurs de salsa, les passionnés de jazz, et les amoureux de traditions africaines.
Le Soleil
