Sénégal programme d’exposition et de dialogue : Incursion de juristes dans le quotidien des travailleurs de l’informel

THIEYSENEGAL.com : Pour comprendre les défis auxquelles les travailleurs et travailleuses de l’informel sont confronté dans leur vie quotidienne et leur travail, mais aussi leur point de vue sur les politiques et lois qui les affectent, des juristes ont séjourné pendant deux jours chez des marchands ambulants, récupérateurs, femmes marchandes…

à Dakar et sa banlieue. Ce séjour tenu dans le cadre du programme d’exposition et de dialogue (EDP) organisé par Wiego, a permis à ces acteurs qui luttent pour le bien-être de ces travailleurs à s’imprégner de leur quotidien.

Une expérience enrichissante selon Mané Mbaye, membre de l’association des juristes sénégalaises (AJS). Elle n’a pas manqué de souligner les manquements remarqués dans le cadre juridique. « Je ne suis pas d’accord que ces vendeuses, soient sur la voie parce que la mairie les laisse s’installer et en retour elles paie des taxes municipales 75 FCFA pour les tabliers et 150 FCFA pour les tabliers. En acceptant de prendre ces taxes la mairie accepte qu’elles s’installent sur la voie publique. Le pire est que tous les deux mois, la mairie les déguerpisse ; ce qui n’est pas normale», déplore-t-elle. L’autre constat note-elle, est que ces femmes se constituent en association mais dans le cadre juridique celle-ci n’existe que de nom.
Pour régler ces problèmes, c’est à Wiego d’essayer d’aider ces organismes à être reconnu de manière juridique, à avoir leur statut, pour pouvoir revendiquer leurs droits. « Parce que si tu n’es pas reconnu, tu ne peux pas légalement revendiquer tes droits »
Il faut essayer des trouver des solutions entre la mairie et les marchandes, créer des rencontres pour essayer de régler le problème. Il faut revoir la loi qui est un peu obsolète et voir comment formaliser ce travail.
Theresa Marchiori, juriste et membre de Wiego, avoue qu’il s’agit d’une première : « c’est une expérience jamais vécu, très forte mais très belle aussi. J’ai eu la possibilité de voir la force d’une femme qui travaille au quotidien pour la survie de sa famille », confie-t-elle. En effet, la juriste a vécu pendant 48 heures avec la dame Maïmouna, veuve et maire de cinq enfants. Ce qui l’a le plus frappé, ce que malgré ses difficiles conditions de vie et la précarité de son travail, elle se bat tous les jours pour donner une vie meilleur à ses enfants en les éduquant à l’école. « La plus grande peut devenir avocate demain et sa mère se bat pour lui donner une vie meilleur », souligne Theresa.
Cependant, a-t-elle remarqué, cette femme travaille en dehors de la loi parce que c’est la manière la plus facile pour elle de gagner sa vie. « Elle s’installent sans autorisation. Le problème est qu’elle doit rester dans sa communauté mais les possibilités pour avoir une place au marché sont très limitées », indique la juriste.
Ce qui est déplorable, selon Theresa c’est qu’en contrepartie, les autorités reçoivent de l’argent pour les laisser travailler dans cette illégalité.
Par ailleurs constate-t-elle, ces femmes sont du reste très organisées car elle est membre d’organisations et avec les tontines.
« Elles pourraient avoir une meilleure existence avec des capacitations. C’est une communauté vive et s’il y a une chose qu’il faut faire c’est mieux les organiser pour qu’elle puisse dialoguer avec les pouvoirs publique », estime la juriste.
Elle par ailleurs ajouté que du point de vue de l’insalubrité, il faut une sensibilisation. « Il est important pour les travailleurs d’avoir une un comportement citoyen », préconise-t-elle.
Les hôtes, notamment, les marchands, récupérateurs, etc. ; se sont dit très touché par cette marque de considération de Wiego à leur égard. C’est le cas de Abdoulaye Boye, marchand ambulant à Sandaga. Pour lui, cette expérience est une première. « En séjournant avec nous pendant 48 heures, les différents acteurs ont pu se rendre compte des difficultés auxquelles nous sommes confronté quotidiennement. Ceci va leur permettre de savoir quels sont nos besoins principaux et comment les régler », a-t-il indiqué.
Par ailleurs ils attendent de Wiego un soutien dans le cadre du renforcement de capacité pour régler le problème de l’accès à l’information : « parce que la plus part d’entre nous ne connaissent pas le cadre juridique pour faire le plaidoyer », a laissé entendre Abdoulaye Boye.
Le programme d’exposition et de dialogue (EDP) est une méthodologie qui expose les chercheurs, activiste, juriste, économistes et responsables gouvernementaux, à la vie des personnes pauvres et les invite à participer à un processus d’immersion profonde. Au cours de ce processus, les femmes et hommes invités ont l’occasion de faire l’expérience de la réalité et la vulnérabilité des personnes travaillant en emploi informel et de comprendre les stratégies de cette personne pour surmonter les défis découlant de la apuvreté, de l’exclusion et de la vulnérabilité.
Le premier EDP de Wiego avec des avocats s’est tenu en 2013 à Ahmedabad, en Inde. L’étape de Dakar est la deuxième du genre organisé par Wiego.

La Rédaction : Thieysenegal.com